Souvenirs de l'oued de zima
J'étais un terrien "bori", qui aimait vraiment les profondeurs…en effet,dans ma petite enfance, je regardais avec envie, les potes qui nageaient à l'oued zima, ce oued qui suivait une sorte d'hiérarchie
" L'oued sghir" petite rivière pour les petits
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"dawra " la rivière moyenne pour les jeunes
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et le "foundou " la rivière profonde pour les grands, notamment Hiddass, laaziz et Belaiyachi ainsi que peu d'autres des ouleds chemaia dans les années soixantes
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J'accompagnais les frères de la "SMB" société musulmane de bienfaisance …pour me sentir en sécurité…je n'avais même pas 7ans ,
quand j'ai essayé de nager dans ce oued bien salé et surtout dangereux…dangereux pour ce qu'il contenait de wagons rouillés dans son fond et qui étaient des piéges mortels pour les enfants de chemaia, Dieu aie l'âme de ceux qui ont laissé leur peau amen
Ma première plongée était bien sûr à l'oued sghir, d'une largeur de 5metres avec une profondeur de 1m60 environ c'était trop profond pour moi bien sûr ; je n y ai pas passé longtemps, en effet la dawra me tentait trop, mais si l'oued sghir était profond pour moi , comment faire avec dawra!?..alors là j'ai prié Belaiyachi de m'aider à nager dans la dawra,sa réponse fut immédiate
!?tu veux nager ici
oui, fut ma réponse
vas y, s'écria en me jetant à l'eau, sors de l'autre rive
A ma surprise, j'étais sain et sauf et de l'autre coté de la dawra, il m'a jeté un regard que je n'ai pas su oublier…il avait l'air de me dire" sois un homme et ne suis pas mes traces", seulement , j'ai très vite suivi ces traces et cela en allant à la nage de dawra au foundou et peu après de oued sghir au foundou …pour l'imiter après dans ses plongées et la durée qu'il passait sous l'eau…Après l'oued zima, vient le tour des puits qui nécessitaient une nage un peu spéciale, on tournait en restant presque debout et en agitant successivement les mains dans des va et vient pour pouvoir tourner dans un puit de diamètre 1m 60cm et de profondeur une quinzaine de mètres …puis vient le tour aux mares et celles là exigent un autre type de nage on l'appelait la nage du chien "3awmet lkelb", il s'agit de tirer ses deux coudes successivement vers l'arrière et de frapper l'eau séparément avec les pieds en des temps rapprochés…puis vient le temps du grand vert, la mer à essaouira lekdima
Souiria et la bouche de l'oued tensift
J'aimais bien nager lorsque la marée était haute , un peu haute pour plusieurs, si je ne dis pour la totalité de mes copains…je devais cela au feu si ahmed le cuisinier de jemaa shaim, en effet , son temps préféré et surtout disponible était après le déjeuner , vers 14heures,alors que tout le monde est obligé de faire la sieste, je m'infiltrais hors les tentes de la colonie des vacances, lorsque la marée était la plus haute de la journée , le drapeau était souvent noir, et les vagues me faisaient vraiment peur, je n'avais qu'à le suivre dans sa course vers la mer pour éviter le choc de la grande vague et de passer dessous, pour sortir un peu vers le haut loin de la plage…je n'étais pas fatigué,j'avais peur …j'imaginais les gros poissons me dévorer les pieds, des créatures étranges qui pourraient surgir à n'importe quel moment pour faire de moi une
proie sans défense
J'ai hurlé ma peur quand soudain un sac de plastique venait frôler mon pied droit…ce fut si Ahmed qui a su calmer ma peur…et là il s'approcha de moi et me dit calmement mais en essoufflant sa fatigue que j'étais plus fort que les vagues, et qu'il ne faut jamais nager contre le courant et que bientôt on serait prés des roches qui délimitaient la plage de souiria , il ne m'a pas ordonné de rebrousser chemin, il m'a indiqué le chemin du large!…Il a pu voir ce filet lancé par les marins prés des roches, et me lança à temps un cri pour rebrousser chemin …Les vagues étaient aussi grandes qu'elles nous cachaient de la plage…ainsi on ne voyait que l'eau et le ciel …je pouvais voir son visage décontractée et surtout ses petites mains bien élégantes qui chatouillaient les vagues tout en les traversant
Le chemin du retour était plus long, il n'a pas cherché à me devancer , il n'a pas chercher à jouer le rôle du champion, il s'intéressait à chatouiller l'eau avec ses petits bras et ses petites mains…on n'a pas suivi le chemin le plus court pour gagner la plage…on s'inclinait vers le sud-est en suivant un peu la marée mais en la forçant à nous libérer pour le sable…Je me sentais vraiment libre entre l'eau , le ciel et ce visage divin de si Ahmed…cela devenait une habitude de sortir à la mer quand la marée est la plus haute…mais plus avec si Ahmed…je me souviens toujours de ses paroles qui me disaient: Ecoute petit! Avant d'aller loin dans la mer, fais le mort et observe l'action de l'eau sur ton corps…là où t'emmène la marée…tu saurais le chemin du retour
zaki, chemaia
28/08/2009